Une plante arborait la splendeur de ses formes Aux touristes oisifs, promeneurs insouciants, Enfichée dans un pot qui se moquait des normes, Autant par sa grandeur que par ses ornements.
Les couples s'arrêtaient pour faire la photo A côté de ce vase, occultant la verdure. Les enfants dissipés sur leur petit vélo, Aimaient faire le tour de sa belle encolure.
Indifférents à l'étalage végétal, Les gens se régalaient à la vue des moulures Dessinées, vernissées, de forme originale, Dans les teintes brunes relevées de dorures.
« - Quoi de plus injuste ! Dit la plante déçue, Tu n'es que contenant de racines et terre, Auxiliaire choisi pour bien me mettre en vue, Pour montrer aux chalands la beauté de mon vert.
Et voilà qu'aujourd'hui je ne suis qu'accessoire ! J’ai beau me démener, on n'a d'yeux que pour toi, Argile terreuse de forme ostentatoire, Veux-tu bien m'expliquer cette entrave au contrat?»
« - Je ne vois là, dit le pot, nulle transgression ; Est-ce de ma faute si d’aucuns s’extasient Devant mes beaux reliefs? J'accomplis ma mission Sans faillir au devoir. Vous pourriez dire merci !»
«-Remercier le support qui occulte mes charmes, Qui se met en valeur me dévalorisant ? Je devrais évoquer au poète la larme, Voilà la potiche passée au premier plan !
Pardon de ne pas voir l'affaire sous votre angle. Je m'estime trahie et vous me le paierez... Votre cupidité m'insupporte et m'étrangle. Allons, la messe est dite ! En voila plus qu'assez !
Après cette diatribe elle dit ces intentions Aux racines enfouies qui se mett' à gonfler Et gonflant à l'excès doublent leurs dimensions A l'intérieur du vase... jusqu'à le briser.
Ne perdons pas de vue ce pourquoi on nous mande. L'employeur voit très mal les ambitions hardies De leurs seconds imbus qui font leur propagande. Un revers de la main... et les voila détruits...