Je passe en ce chemin qui de tout me délivre, J'avance regardant les traces de mes pas Mais elle ne sait plus et toi tu ne sais pas Il n’est rien ou si peu de cela en nos livres Et pourtant fut la vie qui un jour s’échappa.
Si vous n'étiez pas là, toi, cet autre et ceux là Qui existent et me voient, me parlent et me touchent, Alors le temps serait aux aurores farouches, Seule ma chienne sait qui, hier la musela, Et moi, je ne sais rien hors les mots dans vos bouches.
Dépasser l’apparence au delà des rancœurs De toute chose au monde et peut être hors du monde, J’arrive de si loin et les eaux sont profondes Et sont là ces scories des peines en nos cœurs Et plus fort qu’un sourire aux yeux de la Joconde.
J’ai vu ces pauvres gens, leurs bouquets qu’en pleurant Ils jetaient sur les eaux limpides de l’Ariège Alors qu’hier encore elles prenaient au piège Leur fille suicidée le jour de ses quinze ans, Ah pétales voguant au fil des sortilèges !
Blessures de nos vies sont nues vos cicatrices Sont ces sillons profonds et souvent ignorés Va marche sur tes nues ma belle évaporée Tu ne sauras jamais ces cumuls d’artifices Qu’il faut pour en sourire alors qu’on veut pleurer.
Demain ou bien plus tard, enfin un autre jour Quand le temps reviendra de dire ce qu’on est Et peut-être au surplus pourquoi nous sommes nés Alors apparaitront bien mieux qu’en contre jour, Les traces toujours nues de toutes ces années.
Et je vais avec toi sur un rayon de lune Celui dont Cyrano disait, il vient me prendre Qu’y a-t-il à savoir, qu’y a-t-il à comprendre ? La nuit, le jour, la vie… Étalée à la Une La mort de cette enfant de quinze ans, l’âge tendre.