Après toi
Tu t’en iras je sais, demain ou dans cent ans,
Me laissant orphelin de nos rêves d’antan
Tout là bas où il n’est que le soir qui attend,
Tu t’en iras je sais, emportée par l’autan
En gardant avec toi, nos musiques rêvées…
Et mourant en mon cœur, tel un regret poignant,
Résonnera l’écho de tes pas s’éloignant
Et je tairai, c’est sur, tous les mots de plaignant,
Tous les mots de vaincu, je me dirai gagnant
Malgré, au fond de moi, ce grand vide éprouvé.
Et puis, je resterai suspendu dans le temps,
Avec mes yeux sans joie, et mes projets flottants,
Avec au fond du cœur, le sentiment constant,
Que tu vas revenir plus tard ou dans l’instant
Je resterai guettant un pas sur le pavé…
Tu ne reviendras pas, comme dans les romans,
Où se revit toujours l’histoire des amants
Tu ne reviendras pas, je le sais mais je mens,
Comme lorsque je cherche en toi, passionnément,
Nos paradis perdus et jamais retrouvés.
Je vivrai renonçant aux espoirs triomphants,
En baissant pavillon sur mes rêves d’enfant
Sur le songe où souvent, j’allais me réchauffant
En recherchant l’air pur, aux climats étouffants
Et cette symphonie toujours inachevée…
Et j’essaierai encor, sans y croire vraiment,
En toutes partitions et en tous mouvements
De jouer nos accords à deux mains seulement
Mais il me faudra bien avouer simplement
Que sans toi, mon piano, en oublie de rêver.
Et puis je te perdrai aux brumes et aux vents
Ton image en mon cœur, ira se dissolvant,
Je vivrai simplement, je vivrai moins vivant,
Je vivrai un peu moins, je vivrai comme avant
Comme s’il n’était rien qui nous soit arrivé.
Je vivrai moins, c’est sur, occasionnellement,
En regardant au loin, mon bateau, dériver
Mais au fond de nous, vivons-on nous tellement ?