Moi je vis avec vous, nos étés et les leurs, Mes campagnes perdues dans l’eau bleue des nuages, Ces envies de soleils et ces envies de plages Là où furent vainqueurs nos mondes de couleurs, L’écriture au cahier en son unique page.
Je sais l’odeur du pin et puis celle de l’ambre, Un angle de cuisine et un bord de fenêtre, Le crayon a papier, le double décimètre, Ces dessins accrochés sur un mur de la chambre Et l’enfant qui disait, déjà, son envie d’être.
Ah mes chers lieux communs peuplés de vos présences J’ai un bout de là bas où sont mortes les roses Une rime à trois sous pour dire mes névroses, Mais ce jardin peuplé de nos adolescences Il n’en restera rien que deux lignes de prose.
Après moi au tableau cette lueur qui tremble Vivra dans le regard d’un enfant que j’aimais, Pour prouver que toujours existe dans jamais Et ceux qui la verront sauront qu’il me ressemble Bien avant qu’en mon temps je me sois abimé.
Viens ma vie renversée, étale sur l’étang, Que l’image s’écaille aux haleines risées Je vous suivrai encore en vos lignes brisées Du début à la fin je vous ai aimé tant Qu’il m’en demeure au cœur un éclat irisé.
Vous me donnez la joie de ces trois allumettes Une a une allumées au rêve de Prévert L’une pour vous revoir l’autre à mots découverts Et la dernière afin que la nuit me transmette Votre image embrasée a la flamme d’un vers.
De vous à moi il n’est de sens au mot distal, Car je vous sais toujours, vous si tôt arrachés, En regardant plus loin que mon rêve gâché Tremblants dans la brisure au prisme d’un cristal, Dans le cœur de l’étoile où vous êtes cachés.