Quand ta vague s’en vient battre au cœur de ma grève Et que les chevaux bleus s’écument tout en blanc Quand l’éperon rocheux vient poignarder leurs flancs Alors je m’endors là dans le creux de ton rêve Comme un enfant détruit et reconstitué Je te chante la mer qu’on a prostituée.
Farouche monte en moi ma sauvage hérésie, Comme une soif de toi qui m’étouffe et m’étreint Que tes jambes se nouent et m’enlacent les reins Embarque moi plus loin au bout des poésies. D’immortelle légende où la mer se démonte Je vais recomposer les marées qui remontent.
Ta longue chevelure aux nordets insistants Danse ma blonde Iseut où mon rêve l’emporte, Une a une se sont fermées toutes mes portes Souviens toi de mon nom, je m’appelle Tristan, Je ne vis que par toi ma druidique obsession Wagner m’atteint peut être au cœur de ma passion.
Je meurs de cet instant où brûle ma Celtique Et c’est Lug qui me prend ou peut être Nuada, Kaherdin vous direz : « C’est quand il s’évada Qu’il entra dans ces fers de ses geôles mythiques Où il n’est de liens qu’invisibles pourtant C’est là que s’accomplit le meurtre de Tristan ».
Ce n’est pas le poison comme disent les livres Qui me tue mon amour, ma passion et ma reine Car la voile était noire et je meurs de ma peine Et tu meurs avec moi cela s’appelle vivre. Redis moi doucement cette phrase insensée : « Ils se sont tant aimés de sens et de pensée »
Entends la Cornouaille aux chants de tes Irlandes Ah donne moi ta coupe ainsi qu’un saint ciboire Le philtre de Brangane, amour, je vais le boire Il n’est qu’une magie qui passe sur la lande, Nos deux songes mêlés ne peuvent s’abîmer, C’est dans l’éternité Iseult qu’on va s’aimer.