Ah j’irai bien un jour dans ce temps sans frontière Sans espoir de l’après aux doux parfum d’ennui Peut être enfin uni au cœur de la matière Effleurant de mes pas les sentes de la nuit
Et je ne serai plus qu’en la statue de marbre Posée au fond du parc, au juillet triomphant, Au simple froissement d’une risée dans l’arbre Aux cascades perlées du rire des enfants
J’aurai pris tout le sel d’un étier de Guérande, D’un embrun d’Ouessant, d’une vague d’Honfleur, La goutte de rosée posée comme une offrande À la fin de la nuit, au calice des fleurs.
Que me restera-t-il des cadeaux de la terre, Le tableau dans le soir d’un nuage empourpré Les musiques de pluie ou les mots de mystères Du ruisseau murmurant aux limites des prés.
Et j’aurai oublié sûrement tout le reste Tous mes restants d’espoir, mes surplus de rancœur Les mots qui furent tus et peut être les gestes Mais sera toujours là ton image en mon coeur.