Quand le jour reviendra j’aurai perdu mes branches, Et mes feuilles, mon miel, ce que m’avait donné, Une vie à tâtons. Culture abandonnée, Comme on se déshabille à l’ultime dimanche Et toutes mes couleurs seront devenues blanches Petit air d’amnésie, aux limbes fredonné…
Oh viens mon soleil mort, oh viens même s’il faut Que tu passes la mer, les déserts, les campagnes, Je trahirai pour toi mes petites Espagnes Mes si précieux secrets et tous mes grands défauts, Mes bleuets dans les blés si tendres pour ta faux, Car je sais qu’après eux j’aurai d’autres compagnes.
Les pieds dans la rosée et la tête aux nuages, Je lirais dans les yeux d’un enfant sans passé Cette chanson du soir aux notes compassées Qui aurait pu servir à notre mariage Pour nous unir aux fleurs sans mémoire et sans âge Au bout d’une humble fête aux plaisirs dépassés.
Relève un peu le drap dans le creux de ma couche Et viens tout prés de moi, tes mains en une étreinte Pour rallumer de juin les lumières éteintes. Je vais prendre le temps, menaçante ou farouche De savoir ta morsure imprimée sur ma bouche. Et puis d’apprivoiser ma peur en demi-teinte.
Les oiseaux dans le ciel peuvent en arabesques, Dessiner de leur vol les signes du destin, Ou lire les croyants, leurs psaumes en latin Et moi ne rien comprendre à cette immense fresque Qui résume la vie et son sens ou bien presque Tu deviendras pour moi, l’épousée du matin.
Je ne chercherai plus l’improbable refuge, Au fond du bois, perdue la chaumière d’amour, Il ne me restera qu’une pointe d’humour Mon arche de Noé pour braver le déluge Après avoir jeté mon masque aux subterfuges Ah viendra surement l’aube du premier jour.
Il n’est que dans mon cœur et peut être en ma tête Ou bien peut être encor, dans le creux de ma main Que git ma vérité qui deviendra demain L’autre réalité apaisée des tempêtes. Et je vous laisserai aux rêves des poètes Mes amitiés perdues aux murs des lendemains.
Et puis vous m’oublierez aux flonflons de vos fêtes Mes multiples sosies, comme moi si humains …