Mon pays chante en moi tout son espéranto Ses chansons des printemps et des amours en vrac, Aux neiges des sommets, et aux rocs des séracs, Mon pays chante en moi tout son pur bel canto Aux cascades d’argent et aux miroirs des lacs.
Il n’arrive jamais mais toujours installé, Il rougeoie ses forêts, s’insinue en mes fibres De vent et de passion et de déséquilibres Et ses échos profonds qui montent des vallées Ont l’accent rocailleux et les paroles libres.
Je me souviens de toi, la pointe d’une bêche Plantée dans cette glaise aux mains de ma grand-mère Cette porteuse d’eau éternelle éphémère, Mon pays de chardons et de fenaisons sèches, Du sucre de tes miels et leur douceur amère
Tu m’as tant pris, rendu et jamais pour des prunes Ma tribu au soleil dont je sais tous les membres, Ma soif de tes midis aux bouquets des gingembres Je les garde aussi bien que le clair de tes lunes, Mon suave printemps aux frimas de décembres.
J’ai vu en des mois d’août des espoirs t’envahir Et puis les désespoirs au bord d’un cimetière J’ai juré de rester une existence entière Et puis je t’ai quitté sans jamais te trahir De toi toute ma vie fut la riche héritière.
Ah parfum de lavande au draps de cette armoire Qui me revient toujours de toute sa puissance, Tu n’es que ça, je sais, ma vielle connaissance Mais tu seras en moi bien après ma mémoire Au-delà de l’oubli, ma source, ma naissance