Comme une étoile d’or qui va portant nos songes Tu passas un matin éparpillant au ciel Les primaires couleurs de tous nos arcs en ciels, La vérité parfois est moins crue qu’un mensonge. Nous étions, je crois bien, encore, qu’écoliers Quand tes vers nous rimaient la liberté des hommes Et ils entraient en nous, comme une alerte en somme, Contre tous les goulags, quels qu’en soient les geôliers Nous n’aurons pas rêvé pour rien mais pour le vrai, En t’écoutant souvent il nous venait l’envie D’être un peu plus debout et de chanter la vie Comme on sait bien qu’elle est, ou comme on la voudrait. Ils voyaient ces enfants, tous baignés de soleil, L’avenir, sans savoir ce que serait le monde Mais ta voix leur disait nos joies seront profondes Et nous aurons au cœur, la fleur nue au réveil. Tu te serais nommé, Pottier ou bien Clément, Au siècle où les communs vivaient l’éternité Dans un Paris bruissant de générosité, Tu nous aurais chanté l’étoile au firmament. Tel un rai de soleil en la matinée grise, Poésie de toujours, de Verlaine à Villon Ta voix enregistrée sur un microsillon, Nous transformait l’hiver en un temps des cerises. Car c’est ça la magie de la note en poème Quant elle dit la vie au cœur chaud des vivants Le mot vient de passer et déjà le suivant Nous redonne le la pour savoir comme on s’aime. Je sais elle est en nous la vraie révolution Qui nous pousse a aimer en refaisant le monde Cette chaîne de vie quand nos cœurs correspondent Que tu mettais parfois dans une partition Va le temps va passer aux cadrans de nos montres On se dira toujours « Ils étaient vingt et cent » Le vent va nous rester emportant tes accents Que serions-nous sans toi et toutes nos rencontres ? Et c’est si beau la vie, que nous irons au bout, Tout en mordant dedans sans le moindre remord, Nous chantons et pourtant Neruda est bien mort, L’ombre va s’allonger mais nous serons debout.