J’ai pris mon vers au vol, verbeux et violenté Puis j’ai jeté mes mots à tous vents et en vrac Etait ce mon souci d’être complimenté ? Bah - m’a dit Cyrano, monsieur de Bergerac- Mais écrit-on vraiment pour être commenté ?
Donner autant d’ampleur au verbe qu’il rutile, En bichonnant l’emphase ou l’envolée démente Livrer le sens profond et bannir le futile Tout ça ne sert à rien si nul ne vous commente Faux car « c’est bien plus beau lorsque c’est inutile »
Il est là mon ego narcisse en arrogances, Tu ne fais que faïence où il fut porcelaine Relativise donc, sont-ce tes importances Que tu sois lu ou non alors que fut Verlaine ? « Moi c’est moralement que j’ai mes élégances »
Poétiser c’est quoi ? Idées que tu effeuilles, Qu’on les glose sans fin ou bien qu’on ne les nomme Qu’importe si ton cœur bat quand tu les recueilles Même en étant si peu elles sont tout en somme « Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles »
Cyrano mon pays, philosophe, mon maître Que m’auras tu appris de grandeurs véritables Nous suffirait il donc seulement de paraître Un instant distingués, un instant acceptables… Tout n’est il pas en nous, tout n’est il pas dans l’être ?
J’avance ma passion et sans rien dédaigner Ecrire c’est aimer et sans envie d’aura Car je vais le cœur nu pour vous accompagner, Je perdrai c’est joué et nul ne me saura « Mais on ne se bat pas dans l’espoir de gagner ».
Ah je vous vois venir au sein de mes débats Suffisance, l’orgueil, la morgue et vanité « Je sais bien qu’à la fin vous me mettrez à bas » Avec vos alliées frivole inanité « Qu’importe je me bats, je me bats, je me bats »…