Demain la vie
Qu’en serait-il de nous, vidés de nos émois,
Nos pendules rendues au temps obligatoire,
Si soudain s’asséchait le cours de notre histoire,
Qu’en serait-il de vous, qu’en serait- il de moi ?
Ah je nous vois vieillir, en vain, au fil des mois.
Et ne me dis jamais « c’est ici que nous fumes »
Il n’y a qu’un présent pour le verbe s’aimer,
Le temps s’est arrêté à nos portes fermées
Que tu sois satinée de soleils ou de brumes
Cette flamme est en nous présente et nous consume.
J’ai tant rêvé de toi, je t’ai tant attendue,
En ces fragments de vie aux timides outrances,
Depuis ce long parcours au flou de mes errances
Jusqu’aux divans soyeux où gisaient invendues,
Ces belles de la nuit mollement étendues.
C’était je me souviens dans un bordel d’Alger
Une journée d’hiver que mon cœur s’abîma
Prés d’une fleur perdue du nom de Fatima
Aux espoirs dérivant et au cœur naufragé
Qui pouvait tout donner mais sans rien partager.
Oui je vous attendais les mains remplies de roses,
Vous, vivante vécue, mes visions d’azalées,
Toi que je tutoyais au bout de cette allée
Là où je ne voyais que des fenêtres closes
Comme si l’important n’était que dans les choses.
Le monde m’a longtemps trompé aux apparences
L’illusion du concret, l’étrange contre sens,
Les aspects d’une vie perçue de mes cinq sens
Et puis le temps venu comme une interférence
Du rêve assassiné aux mers d’indifférences.
Aujourd’hui c’est demain, c’est hier, la nuit, le jour,
C’est l’histoire qu’on vit aux mondes enchantés,
C’est un peu de soleil pris à l’éternité,
La lumière éclatée volée à l’abat jour,
Quand tu es prés de moi, aujourd’hui c’est toujours.
J’abandonne mes soifs, désirs inassouvis
Nous sommes tous les deux ici et pour longtemps,
Laisse tomber sur nous la poussière du temps
S’apaiser la brûlure aux estompes d’envies
La nuit va engloutir ce que furent nos vies…