C’était un autre moi, dans une autre demeure, Et dans un autre temps où se jouait le drame Mais nous ne savions pas, nous connaissions la trame D’un autre scénario. Ah que ma joie demeure ! Et que tu me la joues sur l’autre piano * « Que demeure ma joie », comme a dit Giono*.
J’avais couru si loin, vers l’autre bout du monde Mais qu’ai-je donc cherché et qu’avons-nous trouvé ? Un peu plus de soleil et d’amour éprouvé, Une terre de feu sur une mappemonde Et puis un océan, au nôtre si semblable Que j’en suis demeuré déçu, inconsolable.
Le calice des fleurs s’est rempli d’eau de mer, D’au-delà quelquefois, en gouttes minuscules Et quand tu dis cela, de mots que tu bouscules, Je reste à t’écouter naïvement amer, D’un passé riche encor des traces de nos pas Mais surtout d’un futur qui ne m’appartient pas.
Je te rebaptisais au gré de mon envie Et cela suffisait pour que ma vie s’éclaire Rose ou Jane souvent et un beau matin, Claire, Comme si l’on s’ouvrait tous les jours à la vie Et encore aujourd’hui, ce sentiment persiste Ah il me faut si peu pour croire que j’existe !
Je prends vos dimensions mes douces reconnues Et le temps est à nous et le temps qui s’écoule Claire, Jane est ce vous qui entrez dans ce moule Cette autre équation avec deux inconnues, Cette mathématique où toutes vies se fondent Quand aux X et Y, les egos se confondent.