Sur il est loin ce mois, ce mai de l’an de grâce Il me semble d’ hier et nous avions vingt ans Les jours de soixante huit passés au vent d’autan Sont pourtant si présents, n’effacez pas nos traces.
C’était chez les bourgeois, un grand vent panique Notre cri dans le ciel contre les dictatures Et cette fête aussi toute grandeur nature Tu chantais pour l’usine et la rue Dominique.
Les falots à présent se disent historiens Et ils refont l’histoire à leur triste mesure Mais nous qui la savons rions de l’imposture Car ils croient tout connaître et ne comprennent rien.
Nous allions refaisant le monde pour demain Une génération du soleil qui remplace La nuit chape de plomb, en dansant sur les places Une révolution au frais visage humain.
Et de cet univers, de sa lumière grise, De ce monde contraint entre ciel et enfer Que nous avons soudain libéré de ses fers, Nous, nous en avons fait notre temps des cerises
Déjà nous mélangions les couleurs et les races Car un égalait un, le riche ou le sans grade Mon frère disions-nous ou bien mon camarade De ces fraternités, n’effacez pas les traces.