Un monde s’est perdu dans ce pays à naître, Sérac où la marmotte a élu domicile Brisure d’éboulis que d’un élan facile Sans une hésitation et sans le reconnaître L’isard vient de franchir avant de disparaître.
Les névés ont changé le rocher en pierrailles, Mais le vent est moins âpre aux niches des vallées, Village où le ru chante aux pentes dévalées, Des chansons oubliées d’une voix qui s’éraille, Comme cette patine au granit des murailles.
Tu es en ce soleil d’un juillet qui commence, Espérant je ne sais quoi des jours à venir, Il est peut être ainsi ton complot d’avenir, Plein d’autres énergies et d’autres véhémences, Inutile et pourtant généreux de semences.
Ils ont tant guerroyé depuis le moyen age Tes enfants Occitans, troubadours sans guitare, Brûlant tant de flambeaux, aux perfections cathares, Jusqu’aux années quarante où les hordes sauvages Avaient cru qu’on pouvait les plier au servage.
D’autres gardent leur nom, au marbre froid, inscrit, Mais la pierre d’ici se rappelle, farouche, Paysan des adrets, Jean ou André de souche Berger pris un matin au piège du conscrit, De Craonne à Pinsou, il ne reste qu’un cri.
Ils n’ont signé d’adieu qu’un départ convenu La terre se souvient autant qu’elle élimine Et l’arbre n’oublie pas où plongeaient ses racines Avant que dans son coeur la hache soit venue… Ceux qui hantent ces lieux sont ses fils revenus.
Et c’est de tous ceux là qu’est faite ta substance Terre de ces ubacs, ou soulas de hasard, Pays de rébellion au mythe maquisard, Que demeure en tes sangs ce restant d’existence Et qu’y brûle toujours la flamme résistance Le 10 juillet 2010