Nos eaux se sont mêlées dans nos mains, mon amie Et tous nos doigts serrés n’ont pu les retenir, Va folle, va rêvant ce qu’avec l’avenir Je t’offrirai de mers aux marées endormies. Ma demeure est suave au charme doux d’antan, Languissante d’automne aux couleurs mélangées, Nos grappes de raisins à peine vendangées Vont nous donner ce vin qu’on boira en chantant. L’hiver va revenir tout d’hermine annoncé, Je ne produirai pas dans les pages des livres Ces phrases que j’écris au tableau blanc du givre Comme celle qui dit « ne jamais renoncer ». Il fait si bon ici où tout peut s’entrevoir Le feu voue ton visage aux vacillantes ombres Je traduis à tâtons tes traits dans la pénombre Mes doigts vont au velours, voleuse, à te savoir. Retiens dans tes filets ce qu’il me faut d’émois Et tous ces moments là qui nous font la vie belle Et tous ces sentiments semés en ribambelle Aux chemins que ta main marie de toi à moi. Va il viendra le temps des triomphants matins, Toi ouverte aux odeurs de ce bois qui sent l’ambre, Saisis cette saison s’installant et décembre Passant à pas si lents en cette heure satin. Dehors la nuit est dure où les astres flamboient Il n’est que l’infini pour garder leur lumière Je suis ton tout premier et tu es ma première Comme en la cheminée ce premier feu de bois.