Mais si forte est la lune aux douceurs de ma lampe Que je suis nu ce soir sous sa lumière crue Je devine en l’obscur griser là sur ma tempe Peut-être hier encor je n’y aurais pas cru, Laisse passer le temps vois comme l’ombre rampe Et rattrape l’enfance aux mondes disparus.
Mes soudains désespoirs mes subites détresses Mes seules compagnies pour goûter la pénombre, Du cœur et du regard comme je vous caresse Solitudes dorées soyeuses et si sombres Par vous je reconnais cette amère tendresse Apprise au plus profond pour cette âpre soif d’ombre.
Volent les oiseaux noirs mais Van Gog est parti Foudroyé en plein coeur dans une vibration La lumière des blés, dure l’anéantit The moon étend ici la même ondulation La campagne d’Anvers encore retentit De ce fauve reflet qu’on dit aliénation.
Le froid est dans tes yeux que le rayon de lune Ne réchauffera pas et par lui se décide Ce flou qu’est le néant. Toi tu peux sans rancune Passer tout doucement ton doigt là sur la ride Au milieu de ton front qu’elle plisse opportune Car tu prétends penser lors que ta tête est vide.
C’est l’univers pour toi qui pense et sûrement Cet astre de la nuit à la dure lumière, Voyage si tu peux, entre en son firmament Rien ne sera pareil, l’habile costumière Apres t’avoir tout pris et sans ménagement, A vêtu de gris noir ton cœur et ta chaumière.