Mais j’écrirai pour vous, ami ou inconnu De toute ma passion et bien plus qu’à moitié, Les yeux au fond des yeux pour dire l’amitié Et les mots me viendront car j’écris le coeur nu.
Mais j’écrirai pour vous, le mot dur, le mot tendre, Car c’est la liberté des plumes réfractaires De faire toujours fi des jugements sectaires Et d’exprimer l’idée pour qui veut bien l’entendre.
Mais j’écrirai pour vous contre toutes rancoeurs Car il n’est poésie que lorsqu’on veut connaître Car il naît poésie que lorsque reste à naître Une fraternité en latence en nos cœurs.
Mais j’écrirai pour vous quoi qu’il puisse exister Dans le frimas d’hiver ou cytise au printemps Car si je chante ainsi c’est pour passer le temps Comme a dit Aragon avant de nous quitter.
Mais j’écrirai pour vous que tant de nuit isole En me disant toujours qu’il n’est que le malheur Pour produire la glace au lieu de la chaleur Et que mon vers soit bleu partout où il s’envole.
Mais j’écrirai pour vous car je sais ce qu’il reste De tout ce que produit, autour de nous la rime, Quand elle vient de loin, écartant toute frime Et que peut lui en chaut qu’on l’aime ou la déteste.
Mais j’écrirai pour vous comme on peint une toile Frère ou bien camarade et en vers ou en prose, Comme le petit prince en parlant de sa rose, Car j’écris tant de fois, le cœur dans son étoile.