Au loin se perd la mer en clairs miroitements, Il fait tant de soleil que je ferme les yeux, Immobile le temps, la lumière, les cieux Et toi nue sur le lit sans un seul vêtement Le midi fige l’heure en un enchantement.
Par la fenêtre ouverte à la brise marine Je vois en contrebas, myriades de maisons Les façades et toits aux couleurs de saison Tes seins pointent au ciel comme des mandarines Ah que vais-je me perdre aux murs de tes vitrines.
La vie va, la vie vient en son fourmillement, Le génie des eaux bleues danse en ses escarpins Et puis le goût du sel et puis l’odeur des pins Et cette femme aimée aussi charnellement Les genres mélangés dans l’ensoleillement.
Ô Corse c’était vous chantée en trémolos Par des mots absolus disant ni oui ni non, Rengaines qui faisaient toujours vibrer Ninon… … Et les vieux adoraient… je trouvais rigolos Tous ces grands sentiments déclamés en solos…
Ah oui, je me souviens et bien plus qu’à moitié De nos rires moqueurs quand le phono antique Diffusait vos chansons aux accents romantiques Chanteurs de nos parents, qui langoureux chantiez L’amour en chevrotant… l’enfance est sans pitié.
Mais pourtant aujourd’hui que le temps a passé Que de mon livre ouvert j’ai tourné tant de pages Ma mère, pour le vent, les couleurs sur les plages, Pour la distance prise aux espoirs fracassés, Les mots de tes chansons, je vais les repasser…