Me serais je endormi ainsi sur une grève D’où tout discours absent laisse place aux possibles Ciel vide de l’oiseau et vos yeux impassibles Mais les larmes de pluie de cette nue qui crève Pleurent sur le néant aux illusions du rêve.
Le mot était précieux à cet enfant charmé D’un espoir qui naissait sans le moindre remord Or qu’as-tu découvert et dit : « le ciel est mort » Et tu m’auras laissé tout nu et désarmé, De la réalité du rien, oh Mallarmé !
Le néant est premier, le poète le sait, C’est du mot ou du cri, de l’écrit ou des pleurs Que va fleurir la vie mais à quoi bon les fleurs ? Hegel te l’a-t-il dit lui qui tant connaissait Où l’absolu verbal aux lèvres mûrissait.
Le verbe il n’est que ça dans le commencement La sacralisation du mot et l’avenir Tout est en lui c’est sur et tout en devenir Seul le vocable peut, la syntaxe ne ment Et le rythme bien sur obligatoirement.
La vie a-t-elle un sens hors ce cosmos enclos Où se crée l’infini en la sonorité L’explosion vient de là, de rien, la vérité Se suffit et revient en son univers clos Telle rose éclatée en un bourgeon éclos.
Que sais- je poésie de tes moindres hoquets ? Le frisson de la rue monte du caniveau Mais c’est ta poétique au cœur d’un renouveau Et quand j’aurai poussé, des portes, les loquets Il resterait encor « l’absente des bouquets »
Le vers devint musique où le mot consola, S’ouvre ta poésie sur un siècle inédit Avec toi c’est demain, l’après qui nous fut dit, L’esprit réside bien là ou il s’envola, Reste ta vérité : « j’accuse » avec Zola.