Fille facile, faible fille, fille folle Pari tenu, je monte aux nues quand tu es nue Je m’enrhume, bref costume, courte tenue Tu caracoles, batifoles, je m’affole…
Je chante ma chanson, mieux je te la serine Embarqué pour l’amour je ne sens plus mon âge J’ai mis Paul Valéry dans mon sac de voyage Il s’ennuyait d’enfer dans sa crypte marine.
Serait-ce suffisant un simple compagnon? J’ai choisi sans choisir poètes enténébrés Car ils sont si nombreux à me faire vibrer Puis j’ai pris Eluard et j’ai écrit son nom.
D’Hugo j’ai conservé « la geste » du semeur, Le mal que pressentit Baudelaire à ses fleurs, De Verlaine un violon qui chantait sur ses pleurs, De Prudhomme le vase où la verveine meurt.
Villon m’a accroché aux branches des pendus, Et Banville aux vergers du onzième Louis J’ai côtoyé la veuve avec Jules Jouy La vierge avec Jammes déshabillée, vendue.
Rimbaud m’a réveillé, je dormais dans son val J’ai vu avec Cocteau Londres et puis Venise De Clément j’ai goûté un temps à ses cerises De Paul Fort j’ai mené au pré le p’tit cheval
A Nantes Barbara me conduit sans bagages, Et Les autres aussi, Jacques, Georges, Léo Sur leurs mots musiciens surpris en stéréo, Les deux Anne mes sœurs font partie du voyage.
Fille fragile, cœur d’argile, d’artichaut Et alors même que je t’aime en nos bohêmes, Fille amorale, tes pétales, tu les sèmes Et peu t’en chaut, en ton cachot il fait si chaud …