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Roger VIDAL

Fils de Pyréne

J’ai tant tété à ta mamelle
Et dormi dans ta verte couche
Mon Ariège louve farouche,
Ta glèbe colle à mes semelles.
Je suis d’érable et puis de hêtre
Basses futaies, ronces tenaces
Qui ne craignent gels ou menaces,
Enraciné dans ton mal d’être.

Pleure en mon cœur le vent d’Espagne,
Je suis l’enfant de ces montagnes.

Je suis d’eau vive et de cressons
Je nie en toi le temps qui passe
Même si l’ombre me dépasse
Et si les blés sont en moissons.
Même si là, le jour décline
Et jaunit le bois de saison
Automne, automne en ma maison
Peins moi l’image des collines

Et tous tes troupeaux m’accompagnent
Je suis l’enfant de ces montagnes.

Je suis de vent, de valérianes,
Ubac l’été au creux des rus
Soula au soc de la charrue
Adret au cœur de tes soulanes
Et tu m’enfantes mille fois
Dans le maquis de l’Escabelle
Au cœur maudit de ce rebelle
Que fut Roger comte de Foix

J’ai vécu toutes tes campagnes
Je suis l’enfant de ces montagnes

Je te fuis mon rêve nation
Ma patrie de cœur et d’entrailles
Mais en moi couvent tes semailles
Aux lentes germinations
Et je reviens de la grand ville
Avec les yeux toujours lavés
Et mon mal de toi aggravé
De ton amour indélébile.

Comme bulles sont au champagne
Je suis l’enfant de ces montagnes.

Ma terre amère de cassures
De schizophrènes prophéties
De douce mousse et puis d’orties
Ah que tes craintes me rassurent !
Dans ton corps vont deux cœurs jumeaux
Le bien, le mal, le faux, le vrai
Pour chanter les soleils givrés
Nous n’avons pas besoin de mots

Mais que ton silence me gagne,
Je suis l’enfant de ces montagnes