Ton bateau qui tanguait mais nous tenions la barre… De récifs en écueils le doute des grands fonds Et aussi la douleur et ce mal plus profond, En nos vies sont venues les invasions barbares Et dés lors dévastés, tout en nous, se confond.
Le naufrage souvent à la folie confine, Nous allions sur la mer, toi et moi, deux fétus, Ballotés par la houle et de douleur, battus, Celle qui te mordait en dépit des morphines Et puis même au-delà, renaissante et têtue.
Ah ce meilleur vécu avec toi douce Rose, Et le pire venu on ne sait trop comment Et ta voix suppliait, « Encore ce calmant, Une autre s’il te plait »… Et je doublais la dose Je n’ai pas oublié… Oublie-t-on ces moments ?
Je suis en cet instant, dans l’arène infernale, Je revis cette fin à perpétuité En une précision et toute l’acuité Du souvenir de toi, en phase terminale, Ton visage et l’envie de ne pas te quitter.
Il n’est rien d’important que cette liberté De s’en aller ensemble, en l’ailleurs impossible, Toute chose voulue nous devient accessible En partant mon amour… Nos départs concertés Nous rendront pour toujours uns et indivisibles.
Et on hésite un peu mais on sait bien qu’au bout Malgré tous les démons, tentateurs qui insistent, On ne partira pas car les autres existent Toi mon fils tu es là et je reste debout… Et déjà tu t’en vas et moi, tout moi, résiste.
Alors un beau matin après bien des saisons Quand un passant est là pour leur donner la main A ceux qui sont allés au bout de leur chemin Qu’on le baptise Humbert ou bien Bonnemaison, Ah Rose je me dis que j’aime ces humains. Août 2011