J’aime quand les étés reviennent Les cigales qui se souviennent De la chaleur de ces mois d’août Ce village aux murs millénaires Où nous chantions Apollinaire Léo Ferré que ce fut doux. Il fallait que notre jeunesse En vos musiques reconnaisse L’amour sans la prostitution Pour que sur un vieux tourne disque Nous vivions sans le moindre risque L’écho d’autres révolutions. Et que nous chantions « Ça ira » Pour que dans Brest soit Barbara Renaissant aux mots de Prévert Pour nous qui ne connaissions guère Que ce qu’on disait de la guerre Comme une période gris vert. Dédou de toi je me souviens Telle une image me revient Nos pluies suivies de l’arc en ciel, Nos projets tombant dans le lac Lorsque dans un champ de Gaillac Fut cet avion tombant du ciel. Nos insouciances et nos fêtes Nos affectations imparfaites Et nos nouvelles égéries Jeanne Moreau en tourbillon Dansait aux bals de Cendrillon Sur fond de mort en Algérie. Et vous mon amour du soleil Dont les rêves aux miens pareils Volaient en cœur de midinette Pour me quitter indifférente Au delà des vagues mourantes Avant que Brel pleure Fanette. Ou sont nos belles ferronnières Princesses aux mille manières Que nous aimions un peu beaucoup Et leurs jupons au bas guipure Mais qui restaient chastes et pures Bien qu’on dise « C’est un bon coup ». Où sont les herbes dans les granges Où nous mêlions en doux mélanges Nos baisers romans feuilletons Et vos poitrines bonnetières Où fonçait l’aréole altière Sous la pointe de vos tétons. Où sont nos corps incendiés Dans une étreinte ou l’on mendiait Seulement un peu d’abandon Et ce bout de tissu tendu Palpitant sur son fruit fendu Comme un cadeau de Cupidon. C’est vous mes chéries que j’évoque En ces paroles équivoques Où le sexe fut nos étés Et s’il m’en reste la brulure C’est qu’aujourd’hui pour tout conclure J’ai fait le vœu de vous chanter.