Il y eut un matin après tant de silences Où nous eûmes soudain l’envie d’être debout, C’était comme la vie qui n’est de bout en bout Qu’une suite de blancs et puis de violences* Car parfois l’eau qui dort c’est aussi l’eau qui bout.
Nous sommes descendus au monde autoritaire C’était, me semble-t-il, le matin d’un jeudi, La main droite levée chacun de nous a dit : Jurons que plus jamais ils ne nous feront taire Lors s’est brisée la glace et le mur d’interdits.
Elles étaient bien là, tressées de barbelés D’ombres et de malheur à nous mettre à genoux Parois de l’impossible et dressées devant nous Inutiles pourtant car déjà ciselées Dans nos têtes lavées, les chaînes qu’on dénoue.
Et nous y avons cru, après tant d’aubes blêmes A l’immortel soleil de nos vies orphelines Et au chant des oiseaux qui monte des collines Car enfants nés de rien, différents et les mêmes, Nous savions mélanger roses et églantines.
Et le temps a passé sur notre longue histoire La poussière est tombée sur cet âge vainqueur Il peut éclore en nous quelque idée de rancœur Mais il reste ceci en guise de victoire : Il n’y aura jamais de muraille en nos cœurs.