Les femmes s’abritaient aux pailles des chapeaux L’été régnait partout en chaudes pesanteurs, Allongé sur le pré aux cent mille senteurs J’écoutais dans le soir le pas lourd des troupeaux Et dénudais vos corps de tous leurs oripeaux.
Déjà j’aimais l’accord, l’existence et le reste, Les rumeurs du couchant et le pas des flâneurs Tout ce qui fait de nous les enfants du bonheur, Le vin de l’amitié, nos ambitions modestes Ah oui j’aimais tout ça et chacun de vos gestes.
J’étais dans le bonheur et dans les joies profondes, Et plantées au dedans, de multiples envies Combien j’avais en moi de vraies pulsions de vie ! Tant de passions mêlées en mon cœur se confondent Comme ces soleils d’août où toutes neiges fondent.
Je ne me souviens plus du ciel les soirs d’orage Je vivais dans l’abstrait mais si concrètement Que le monde à mes pieds n’était qu’enchantement Qu’aurait été sans vous les fleurs au paysage, Mes amies de ce temps, mes amours de passage ?
Il m’est de ces mois d’août un goût d’humanité Comme un autre versant de vie, jamais fini, Chaque chose passant se parait d’infini L’ombre et puis le soleil, ce rien d’éternité Qui au fond de tes yeux demeurait abrité.
J’étais comme en un nid, hors de l’intempérie Et dans l’intemporel pour ce qui est des jours Je croyais que la paix allait durer toujours, La poésie passion et vous mon égérie… Et il advint un jour… La guerre en Algérie.