Tout ce que j’ai connu, tout ce qui m’a atteint, Descendait de la nuit comme une nostalgie Lancinante douleur telle une névralgie Revenant dans mes pleurs aux brumes du matin Mais toi tu étais là de dentelle et de vent. Tout ce que j’aime en toi, tout ce qui me dépasse Et qui reste perdu dans le temps et l’espace Comme un cœur assoupi au large dérivant C’est cela qui m’emplit C’est cela ma folie.
Ces matins triomphants de mes nocturnes fièvres Le rire des enfants échappant au malheur, Le soleil de la pluie mélangeant ses couleurs Les larmes sur tes joues que tarissent mes lèvres. La musique des mots rimée sur les violons, La montagne inspirée et le mont si peu sur Accouchant des martyrs aux bûchers de l’azur Le paradis perdu aux îles d’Avallon, C’est cela mon enfance, C’est cela ma démence.
Ces départs sur le quai aux foules assemblées, Nos désunions marquées du sceau des solitudes, Les baisers aux mouchoirs tout comme d’habitude Les mouchoirs agités avec les mains tremblées Nos souvenirs fanés qui heurtent le présent A l’horizon là bas un seul point de rencontre, Le souvenir succinct à l’heure de la montre Et qui revient toujours lorsque le soir descend. C’est cela ma saison Et puis ma déraison.
La nuit qui s’avance, des avions dans le ciel, Avec le jour qui meurt, cette fleur qui éclate, Tous ceux qui ne voient rien comme Ponce Pilate, La couleur du napalm colorant l’arc en ciel. Les armes des soldats et toutes les salades Le blabla ronronnant le discours aux misères Ces corps déchiquetés dans le creux des rizières Ce qui revient toujours au non violent malade C’est cela qu’il faut lire, Cela est mon délire.
Le silence à deux sous pour les non génériques Un nom sur un visage, un prénom « Alida » Et puis un autre nom qui s’écrirait « Sida » Et tout un continent qui se dirait « l’Afrique » Les yeux de cette fille égarée dans le temps, Et qui me souriait en passant la frontière, Silence de la mer et celui de la terre Et celui de la mort qui vient quand on l’attend. C’est cela l’inaction, Et c’est sans solution