Quelle est donc la raison des montées des marées Des eaux et puis du vent que les vagues confondent Le plan superficiel de cette mer profonde, Sur lequel va dansant mon bateau amarré, L’attraction de la lune au plus secret de l’onde ?
Quelle est donc la raison du travail ignoré Celui du défoliant tel un produit létal Ou bien de la cognée plongeant son pur métal Dans l’arbre mis à mort au milieu des forêts, La montée de la sève au cœur du végétal ?
Quelle est donc la raison de la nuit des solstices De l’axe de la terre et de sa rotation De ce qui est, à ce qu’on voit, des distorsions, La course du soleil, apparence factice, Le point qu’on place au bout comme interrogation ?
Quelle est donc la raison des neiges aux jardins, Le lac devenu gel aux couleurs de l’acier, Serpentant la vallée, la peau bleue du glacier Notre vision plongeant aux vertiges andins Le point de non retour au cours du balancier ?
Quelle est donc la raison de la vie sur la terre, L’explosion du printemps reprise en mille chœurs La fonction du mensonge avec son air moqueur Celle du battement de nos sangs dans l’artère De toute pulsation au rythme de nos cœurs ?
Je m’en irai je sais avant que je renonce A tenter de savoir ce que fut notre antan, De la mort en hiver, de la vie au printemps, Je m’en irai je sais sans avoir de réponse A la seule question, le mystère du temps.