Qui jamais le dira cet amour que je garde De ma lèvre à mon cœur, comme un cri, retenu, Comme une braise, un feu, l’incendie contenu Qui s’anime toujours lorsque je vous regarde. Et c’est vous ma passion, aux cils pleins de rosée
Tout vous, demeure en moi, mes passés mes passantes Celles d’hier, d’aujourd’hui, qui s’en vont vers demain Car il reste ma bouche et le creux de mes mains, Pour savoir la douceur aux blessures d’amantes, Quand suit le sentiment où mon doigt s’est posé.
Rien n’apaise l’envie de cette sœur charnelle Tissant l’aube pour moi dans le cœur de la nuit Toute d’ombre fardée contre les murs d’ennui Si douce à se glisser en mes draps de flanelle Comme ces beaux soirs là, où chacune a osé.
Et vous ma peine entière vous mon bonheur toujours, Pour toutes celles là, au charme de l’oubli Chaque rose effeuillée n’a jamais affaibli Le sel de leur parfum qui imprègne mes jours Et c’est sur vous enfin, ma tête reposée.
Tout ce qui me fait vivre encore de tourments Et de bonheurs brulants aux fleurs de mes passantes Ne sont que trahisons pour vous ô mon amante Mais que dire de plus ? Jamais je ne vous mens Et quand je meurs c’est vous qui me recomposez.
Vous êtes mon Ouest, mon avenir couchant Et mon Sud et mon Nord quand je perds ma boussole Mon Est pour le lever ou toujours me console Votre bouche et vos mots, musique en contrechant Pour me redire « vies tes vies juxtaposées ».
Dans votre forêt d’or où je vais m’égarer Je n’aurai pour parcours que vos chemins tous bleus, Le naufrage infini dans le lac de vos yeux Afin de ne garder que vous, sans séparer Et ma vie, et mon cœur, pour toujours déposés.