Je retourne aux tourments plus souvent qu’à mon tour Pur paradis perdu oh pardon toi ma terre Tout ce qu’il a fallu aux sèves de mystère Pour parler aux printemps du primordial retour, Et du règne animal. Que se perdent mes pas aux parcours passagers Je vis le vide au coeur, le rêve des vaincus Mes vains instants volés aux violences vécues Saisissant en passant ces songes saccagés Que je porte si mal.
Je vais te féconder de coïts en semailles Ma glèbe laborieuse aux marnes des sillons Mon bateau lève l’ancre et hisse pavillon Oui mais moi je demeure en tes lourdes entrailles Là où tout mal s’apaise. L’ombre des reposoirs passera sans passion, J’ai souffert au-delà, plus que l’indispensable J’ouvre les yeux pourtant pour les marchands de sable Qui passent bénissant en basses processions La semence en ta glaise.
Le passé si présent se pavane partout Aux vitrines voilées, éventaires bidons Notre ville la nuit, vile et veule ah dis donc, Tu ne possèdes rien pourtant tu vends de tout Même deux doigts d’amour Toulouse tes trottoirs tentent, s’anatomisent Raymond IV le sait et la place Belfort Tes Nouchkas investies comme tes châteaux forts Y frissonnent sans fin, jeunes filles soumises Aux lois du désamour.
Toulouse tu es rose et de plusieurs manières Vois ma ville violente aux violettes violées Quelque petite Espagne en tes rues bariolées Est venue visiter la croix et la bannière Qui en toi se marient. Je t’aurais volontiers donné mon sang mon âme Cathare jusqu’au bout, rouge et noire rebelle Stigmates aux statues saignants en ribambelle Tu n’es que Saint Sernin bien avant Notre Dame, Toulouse avant Paris.
Aux friches de tes prés je chante l’occitan, Ma langue aux sept douleurs arrachée aux labours Fut brûlée au bûcher de ce conte à rebours Que tu nous dis encor aux voix du vent d’autan, Troubadour asservi Ma payse de loess, d’argile et d’alluvions Que j’hume tes humus, tes humides humeurs Et le monde renaît et bruisse de rumeurs Est ce bien pour cela Jane que nous vivions ?... Tout le sens de la vie…
Jane c’est à cela que nos unions répondent Lorsque monte la sève en nous, le chant du monde.