T’aurais-je rencontré au détour d’un matin Sans savoir ce lambeau de parcours déchiré Un coin de la mémoire ou l’or enrichirait Ce qu’il reste à voler de vie à nos destins
J’ai croisé tant et tant de nobles vanités En allant mon chemin en des courses bâtardes, Que je ne connais plus cet enfant qui s’attarde A chercher tâtonnant un bout d’humanité.
Et vous qui d’un sourire effaciez les tourments Vos vies ont fui là bas en mon jardin, posées, Perceptibles parfois au travers des rosées Que la nuit abandonne accidentellement.
Égarés en silence aux rives de l’oubli Vos mots de mendiants justifiant nos quêtes Vos rires éclatants des soirées de conquête Dont vibre encore l’air en écho affaibli.
Parfois une ombre passe et si je la regarde J’ajoute un peu encore à tant de confusion En s’évanouissant au bout d’une illusion Elle m’apprend qu’on vit seulement par mégarde.
Et d’autres sont venues, d’autres viendront sans doute Il est tout piétiné le champ de ces passages Mais qu’est-il devenu l’adolescent peu sage Qui cueillait un baiser sur le bord de sa route ?
Tant fut ma vie par vous, mes mondes d’alentour, Mes essentiels moi-même où je les avais pris Mes repères innés, mes repères appris, Que j’en reste égaré, sans espoir de retour.