J’ai croisé un enfant sur le bord de la route Il passait sans me voir les yeux dans les nuages N’est il pas un ailleurs aux rêves d’un autre âge Où nous ferions la part de la foi et du doute ? Je me suis reconnu peut être un bref instant Rien n’est jamais figé, rien n’est jamais fini Nos dessins en écho vivent à l’infini Existons nous ailleurs perdus en d’autres temps ?
J’aime à penser qu’il est un endroit dans l’espace Où le geste que fit cet enfant disparu, Cette poignée de main au détour d’une rue Où ce premier baiser sous l’orme de la place, Se perpétuent sans fin sans le moindre hasard Car nous sommes vivants et nous sommes nous même Et nos petites vies et nos très grands je t’aime Ont un sens au-delà de nos propres regards.
Je me suis rencontré un jour, comment savoir Ce qu’il reste de nous, gardé aux eaux ridées Plus loin que l’apparence, et même que l’idée Et que l’éclat des voix au bord de ce lavoir Où ma mère venait lorsque j’étais enfant Comment pourrait on croire « hier n’existe pas » Je marche sur la trace où furent d’autres pas Et peut être les miens même si m’en défends.
Ce n’est pas seulement renaître un beau matin, D’une autre vérité qui plus ou moins nous ment C’est se continuer ainsi tout simplement Quant l’image est partie vers un autre destin. Je vous retrouve en moi mes passés convaincus Et vous demeurerez toujours ce que vous fûtes Mes joies en mouvement, mes espoirs et mes luttes, Ma vie n’est qu’abouti de ce qui fut vécu.