Ils se connaissent d’ hier et pourtant de toujours Dans une longue histoire où s’inscrit la passion, C’est au fil des idées et puis des discussions Qu’ils ont su l’amitié et puis au long des jours, Où leur cœur quelquefois est demeuré en rade, Les camarades.
Souvent à vivre ensemble ils donnent le meilleur, De la dispute même à la nuit d’insomnie Il ne leur restera aucune acrimonie Car il y a l’idée épanouie en fleur L’idéal qui en dit plus que de vraies tirades Les camarades.
Ils mêlent à l’envi, aux touts débuts de l’an Leurs songes, leurs espoirs hors de tous les factices, Et leur foi immuable aux rêves de justice, Tout ce projet conçu d’un généreux élan Et qui les tient debout sans pompes ni parades Les camarades.
Ils ont l’Humanité écrite en un grimoire Celle de Jean Jaurès ou du temps des cerises Ou bien de Manouchian et des mineurs qu’on brise, La lutte en héritage, au fond de leur mémoire Et au cœur ce passé d’Espagnes et grenades Les camarades.
Et dans le quotidien, au sein du très banal Ils retrouvent parfois les mots de liberté, Pour parler du grand soir, puis s’en vont militer En diffusant un tract ou pliant un journal Car leur vie c’est nature et non les mascarades Les camarades.
Mais ils ont tant parlé de refaire le monde Pensé pour le bonheur, une autre humanité, Qu’ils verront bien un jour d’aube fraternité Surgir, enfin éclos d’une terre féconde, Le rêve communard, semé aux barricades Les camarades.