Tu poses pudibonde et cependant obscène A l’ombre de ce mur de silence doré Dont tu as toujours fait ton théâtre et ta scène Et je vois dans leurs yeux le ciel décoloré. Mais je vis ma raison qui est celle d’ailleurs Ma terre, mon pays, mon univers, ma France, Ah le temps viendra bien aux rives du meilleur Mais passent les années et monte la souffrance. J’aurais voulu parler de ce qui va éclore De cette mauve alcée, que j’ai cueillie au bois Mais fut ce mendiant, arrêtez tout folklore Et puis vos violons, vos fifres, vos hautbois. Monte le chant profond des bouches bâillonnées Demain sera-t-il temps ? Je sais tout ce silence, Aux jardins de l’oubli, ces fleurs empoisonnées, Prêtes à éclater en sanglots violence. Demain sera-t-il temps ? Je sais tout ce qui bouge Cette onde qui s’étend cette marée qui meugle Et ces nues dans le ciel toutes teintées de rouge Combien d’yeux faudrait il pour cesser d’être aveugle ? Et puis ce qui dépend du domaine du songe Pourtant j’y crois encor toujours insatisfait Même si devant moi cette ombre qui s’allonge M’indique ce qu’il est de chemin déjà fait. Ah vous pouvez toujours enterrer et médire Car il n’est d’aujourd’hui que ce qui fut d’hier Je ne renierai rien et je veux même dire Que de ce qui fut fait je n’en suis pas peu fier. Nous aurons vu le monde au prisme des couleurs Et nous l’avons voulu tel qu’il fut en nos toiles Hors de portée oui mais excluant les douleurs Au moins aurons nous eu le cœur dans les étoiles. Et s’il demeurait là notre temps des cerises Il serait en chanson sans cesse resservie Car s’il est un seul air qui en nous s’éternise C’est bien celui du rêve et celui de la vie. Vous pourrez décider qu’il n’est de Saint Sylvestre Pour arrêter le temps avant le mois de mai Mais vous ne pourrez pas le mettre sous séquestre Car il vit ce mois là, dans nos cœurs, à jamais.