C’est au mai du muguet de l’an dix neuf cent neuf, Qu’en cette Mazamet, la grève victorieuse Cessa soudainement de façon peu curieuse, Alors qu’elle durait depuis le gui l’an neuf, Délaineurs, marragos, peleuses aux cents chœurs, Depuis plus de cent jours avaient la lutte aux coeurs.
Ils n’avaient pourtant pas soif de révolution, Ces ouvriers mégissiers aux sujétions pareilles, Aux votes policés portant le baron Reille Soutenu par la droite, à la députation. Et par leur quotidien, de l’usine à l’église, Ils ne vivaient leur vie que docile et soumise.
Il fallut pour souder ces exploités si sages Ces si peu combatifs, avaleurs de couleuvres, Et toujours divisés par d’obscures manœuvres, Il fallut, m’a-t-on dit, plus qu’un puissant message Plus qu’une exploitation, classiquement si sure, Et puis qu’un patronat perdit toute mesure.
Et tout autour se fit la solidarité, Pour ceux qui de bon droit refusaient les miettes, « Vous n’avez plus d’argent pour remplir les assiettes… -Ce fut l’œuvre de tous nous dit l’Humanité- Vos enfants mangeront chez nous la table est mise » Et les portes s’ouvraient pour la soupe promise.
C’est au mai du muguet fait d’accents solidaires Que finit une grève aux unions peu banales, Aux mots de Jean Jaurès, aux Internationales, Ces nouvelles chansons devenues ordinaires Pour des bouches d’ouvriers, dont la métamorphose Marquaient en ce temps là, de début d’autres chose…
Quatre mois d’une grève ou cent vingt glorieuses, Qui se terminaient là en joies victorieuses.