Aux nuits de pleine lune où toute l’Occitane Nous conviait parfois au somptueux festin Tu nous chantais Trenet, Brassens, la tramontane Et l’amour entre nous qui restait clandestin…
Mais qu’est donc devenue cette brune gitane Qui lisait dans ma main l’improbable destin ?
C’était le bel été sur les bords du canal Le soleil dans tes yeux venait de la montagne Ou bien je ne sais plus, de quel point cardinal, Pour nos cœurs de seize ans qui battaient la campagne
C’était un tout petit bonheur artisanal Qui vivait de nos jeux d’amour à qui perd gagne.
Et notre espace était celui de l’univers Dans le doux serpolet, d’où s’enfuyaient les lièvres Nous allions vers le soir mais la tête à l’envers Car c’était le début de nos premières fièvres,
Ivre de toi, de nous et de nos jeux pervers, Quand mes lèvres en feu baisaient toutes tes lèvres.
Nous plongions dans les eaux du torrent, ingénus Qui, dans les gouffres verts, nous inventions des lunes Ou bien des fructidors jusque là inconnus Et la blonde gabelle en tes boucles si brunes
Blonde et brune partout même entre tes reins nus D’où je cueillais les fruits de langues opportunes.
Le bonheur de midi qu’est il de plus complexe ? Je n’ai rien oublié de nous ma tendre amie Mais cette griserie qui me laissait perplexe Et qui n’aurait souffert une infime accalmie
Tenait-elle en entier au doux secret du sexe Lorsque tu me donnais des cours d’anatomie ?
Les années ont passé mais demeure l’instant, Cascade sur ton corps, l’eau en perles nacrées Et la tiédeur du soir vaporeux et l’autan, Ondulant le duvet de tes mousses sacrées
Ah mes jeunes ardeurs n’en demandaient pas tant Suffisait la douceur de tes lèvres sucrées.