Dans les brumes du temps me revient ton histoire Et la mienne du coup douloureuse soudain Toute de noir frangée par ceux dont la victoire N’a laissé que silence ou des mots de dédain. Et pourtant tu es là transperçant les nuages, Et percutant le ciel et nous offrant l’azur Ta légende habitée depuis le moyen age Toi qui défies le temps ici sur le Mont Sur. Tu ne serais je crois qu’un banal fait divers Si je te connaissais seulement par les livres Mais je reviens vers toi dans le cœur de l’hiver Pour te voir estompée sous quelques doigts de givre. Et te voila tremblée au doux fusain des bruines Enveloppée d’éther aux vapeurs des fantômes Mystiques torturés qui veillent sur tes ruines Ah ils sont toujours là à errer, tes bons hommes. Ils erreront ainsi en ces limbes, flottant S’inventant pour leur songe, une autre dimension, Comme une éternité qui se jouant du temps Va se réaliser en réincarnation. Demande de conter l’histoire à chaque pierre, Celle qui fut vécue et non celle qu’on dit Racontez nous Corba et Roger ou bien Pierre Les prières des purs, l’épopée des faidits. Ils n’étaient déjà plus ou si peu de la terre Le consolamentum avait rompu les chaînes Dérivant consolés vers l’infini mystère Ils étaient déjà loin des plaisirs et des haines Ils ont brûlé là haut déjà si prés du ciel Hors du temps, des boulets lancés au trébuchet Leurs yeux voyaient déjà derrière l’arc en ciel Leur apparence seule a brûlé au bûcher. Car ils furent deux cent ou plus, à tant aimer Ces purs, ces non violents que l’on disait parfaits A monter vers le ciel en la même fumée Mais c’est tout un pays que l’on avait défait Et cette terre ici, garde la cicatrice, L’herbe ne pousse plus où ils furent brûlés Les cramats sont partis au champ du sacrifice Mais leur âme est restée à jamais consolée. Vous les purs qui aviez pensé un autre Dieu Qui avec votre foi, le mieux coïncidait Qu’importe la doctrine et qu’importe les cieux ? Il reste qu’on vous a tué pour vos idées. Moi je ne sais de vous que votre non violence, En ces temps où tuer était loi de saison Le redirais-je assez, vous étiez en avance, Fi des religions, c’était vous la raison.