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Roger VIDAL

Les récoltes de mai

Nous étions des milliers, enfants nus et sans age
Qui sachant le bonheur à portée de la main,
Nous inventions la mer seulement pour demain
Car il nous semblait voir sous les pavés, la plage.

Pour penser l’avenir, les préjugés qu’on brise,
Nous n’avions que les rues ou bien les murs pour dire
Qu’il était désormais interdit d’interdire
En un monde vivant comme au temps des cerises.

Je me souviens de tout, usines au soleil,
De ces noces jouées sur un coup de poignard
Mais nous le savions bien en ce mois communard
Que la fête finie, rien ne serait pareil.

Il y eut tant d’éclats sur les places publiques,
Le refus résolu d’univers rabougris,
La sublime ambition après ces temps tous gris
De peindre en bleu le ciel des vieilles républiques.

Du fond de nos cerveaux montait l’intraduisible
La parole aux muets, le mot régénéré,
Les slogans de la vie au verbe libéré :
« Soyez réalistes, demandez l’impossible »

Et de tous les tableaux, lumières en nos yeux,
Il reste bien profond le songe de ces jours,
Un rien d’éternité qui nous revient toujours,
Même si un matin nous surprend déjà vieux .

Ainsi dans la mémoire entra le souvenir,
Cela se fit tout seul, doucement, sans douleur,
Nos regards et nos mots prirent l’autre couleur
Celle des convictions aux luttes à venir.

Et Malgré la dérive au juin avorté,
Demeure ce possible à l’aventure humaine
Cette envie d’exister autrement qu’en nos chaînes
Et juste un air nouveau au monde humanité.

Mais qu’aurais je entendu de mots ? Je me méfie,
Personnages d’un jour au discours sec et vain
Les récoltes de mai sont comme le bon vin
Ce sont les bien plantées que le temps bonifie.

N’auraient ils rien compris ceux qui ont répété
Qu’ils allaient liquider cet espoir pour qu’il meure
Causez, causez toujours car ce qu’il en demeure,
C’est une autre culture, une autre société.


Ah oui j’écris ton nom MAI comme LIBERTE !

Le 21 avril 2008