Ma chienne s’est frottée contre moi en passant, Puis a levé la tête et m’a léché les mains, C’était ainsi hier et ce sera demain Et cet attachement, sans un mot, caressant, Est tout ce qui relie l’animal à l’humain.
J’ai ouvert ma fenêtre et puis aussi la porte Dehors sur le pommier les oiseaux picoraient Le soleil ce matin pose un voile doré Sur tout ce peuple ami en la nature morte Que l’hiver sans couleur ne sait pas colorer.
J’entends dans le lointain des aboiements inquiets Ma chienne les écoute en dressant les oreilles Connaît-elle la langue à la sienne pareille Qui porte cette annonce à travers le quartier Qu’un passant est venu et qu’un chien le surveille.
Je n’ai d’autres schémas que des natures mortes D’ailleurs existe-t-il en moi d’autres envies Le bal de mes pensées où Bergson me convie Je le laisse bruisser quand j’entrouvre ma porte Où ma mémoire va jusqu’au bout de la vie.
Notre image d’amour que l’été colora S’est gravée pour toujours comme en un vieux grimoire Et elle restera au fond de ma mémoire Bien au-delà du temps où mon cerveau saura Mais que serais-je si je ne pouvais y croire ?
Et puis passe le train derrière ma maison Un glissement feutré sur le rail sans jointure Juste un bruit sans éclat, un son miniature Je rêve qu’il me prend pour d’autres horizons, Mais c’est vide partout, un non sens de nature.
Ils sont pesants les jours quand je ne te vois pas Et pourtant tu es là mais je survis autiste, Quel est donc ce couplet que je joue en soliste ? Seule ma chienne sait, qui me suit pas à pas Et son regard me dit: « Pourquoi es-tu si triste ? »