Ma maison au mois d'aout
Ma maison retrouvée est comme une île verte,
Entourée de prairies, toujours régénérée
Ma maison de printemps est toute grande ouverte,
Pleine de souvenirs mais jamais vénérés,
Simplement amicaux et faciles à vivre,
Sans pompes ou grands mots, message qu’on délivre.
Au plus court d’affection, elle et moi, nous allons,
Elle est ce refuge que j’appelais « maman »
L’emphase lui fait peur et quand nous nous parlons,
Nous usons familiers du même tutoiement
Tout en sachant combien les mots peuvent compter,
Nous vivons tous les deux, notre amour, sans compter…
…Quand ils sont arrivés, j’attendais dans la cour,
J’ai souri de les voir avec leurs sacs usés
Inquiets sûrement, du présumé discours,
Dont j’allais à coup sur, user et abuser.
« La morale - ils pensaient - Morale de guignols,
La morale toujours on en a ras le bol ».
Je leur ai dit : « Entrez, c’est ma maison d’enfance,
Elle a été pour moi, de tous temps accueillante,
Elle ne sait trier, faire de différences
Elle n’a jamais appris, elle est bienveillante.
Elle n’a plus de clé aux serrures des portes,
C’est une mère un peu, traitez là de la sorte.
Telle arche de Noé, ne refuse personne,
Elle ne demande « d’où tu viens ? » « qui tu es ? »
Les prés tout alentour, le lac, c’est ça « la zone »
Les montagnes, ses tours. Voila pour situer
Ce qu’est ce pays là, sûrement dépassé
Mais qui vit calmement, sans jamais se stresser.
Je n’ai pas dit cela, ainsi, mais à peu prés
Alors ils sont entrés en me serrant la main
Et nous avons parlé des projets, de l’après,
Du programme du jour et puis du lendemain.
Ils étaient neuf ados, soi-disant, dévoyés
Et ma maison et eux, ils se sont tutoyés.
Ils avaient, de la vie, de bizarres notions,
Et ne cohabitaient qu’en colères rentrées
Mais vivaient ma maison d’infinie précaution,
Accrochant leur violence à la porte d’entrée
Et elle je suis sur qu’elle les connaissait !
Et eux, ils l’ont aimée et les jours ont passé…
…Et puis, ils ont repris leurs vieux sacs, leurs affaires,
On aurait dit soudain, qu’ils étaient plus timides,
Ils m’ont serré la main plus fort que d’ordinaire,
Sont montés dans le car, les yeux un peu humides.
En les voyant partir, ma maison devinait,
Que leurs signes d’adieu lui étaient destinés.
J’ai la confirmation, ni pires ou meilleurs,
Les cœurs de Nanterre, sont aussi grands qu’ailleurs.