Ma vie je te croise Tant là j’ai été. Rases les ardoises, Aux toits éclatés Frais goût des framboises Quand revient l’été, Ma vie je te croise Quitte à te quitter.
Après tant d’errances, Qu’irais je chercher ? S’enfle mon enfance Des premiers péchés, Toutes les ratures Aux mots des cahiers. C’était nous nature Paillards des paillers. Le songe s’allonge, Et l’air s’est fait doux, La tiédeur prolonge La fin du mois d’août, J’entends les sonnailles Sensations du soir, Contre la muraille L’ombre vient s’asseoir. Nous semblons ensemble Pour qui ne sait pas Le reste ressemble A nos premiers pas, Prêtresse peut-être, Qui tant m’embrassait, Maîtresse aux fenêtres, Des granges passées. Un chien m’accompagne Au sein du sentier, Et le vent d’Espagne Chante en nos chantiers Là est la cachette, Des tentes d’antan Tintent les clochettes Rattrapant le temps. Volant des pivoines Poussées en plein champ Ta voix aux avoines Se perd dans ton chant Et sous les ramures, Ramages d’amants, Tes mots me murmurent « Prends moi doucement ».
Ma vie je te croise Tant là j’ai été. Rases les ardoises, Aux toits éclatés Frais goût des framboises Quand revient l’été Ma vie je te croise Quitte à te quitter.