Je pense à vous Janie des premières comptines, Nos vaisseaux vagabonds voguant aux vagues douces A ton nez retroussé piqué de taches rousses, Au fond de tes yeux verts les passions clandestines Allumaient nos douze ans au jupon qu’on retrousse, En te prétendant rose oh toi simple églantine Sauvagine des bois m’embrassant sur les mousses.
Je pense à vous Solange, à nos feux de saint Jean Les nuits de mes quinze ans aux juins des vacances Mes gestes maladroits hérités de l’enfance Te dénuant sans fin et tes seins émergeant Toute une courte nuit pour une seule chance, Ma chance ce fut toi mon aînée rédigeant Mes vers sur tes cahiers aux doux parfums d’errances.
Je pense à vous Marie nos vingt fleurs en pervenches, A nos jeans délavés comme l’eau de tes yeux Fous rires du Pont Neuf qu’on prétendait si vieux L’eau profonde en dessous pour deux cœurs qui s’épanchent Ta chambre sous les toits qui s’ouvrait vers les cieux. Et cette envie de toi aux matins des dimanches Au bout de l’escalier tournant capricieux.
Je pense à vous Lisa, ma liane aux mains de fée, A cette voix voilée sur un microsillon Pour nos corps enlacés, nos cœurs en tourbillons Et ce parfum d’amour de ta lèvre assoiffée Ta bouche sur la mienne aux douceurs du bâillon Tout un monde détruit qu’on cherche et qu’on refait Comme ce prince là poursuivant Cendrillon.
Je pense à vous Lucie à vos envies d’aimer Ces départs insensés, cette plage du nord Sous une fin d’été d’un soleil déjà mort Et ce petit enfant qui ne naquit jamais Mais qui était en toi et au fond de ton corps Cette métamorphose aussi mal programmée Que fut notre destin à l’ombre des remords.
Je pense à vous surtout Jane vous la plus belle Le trouble de tes yeux, le trouble de mes mains Et mes envies du jour, celles du lendemain Nos rires dans le vent courant en ribambelles Dans le lit des ruisseaux ou au creux des chemins Tes cheveux dans les blés pour payer la gabelle Le tribut d’une vie sur un parcours d’humains.
Et puis je pense à vous Rose l’irremplaçable Ma bouche se souvient toute cette douceur Et je n’ai plus de mots mon autre moi, ma sœur, Mon double et ma douleur toujours informulable Qui rit de la légende et du temps guérisseur. Ah oui je pense à toi… ma peine inconsolable Toute mon âme est là, deux mots dans un classeur…