Ferrat ne chantait pas encor nuit et brouillard Les télégraphistes portaient nos télégrammes Paris se la jouait de comédies en drames La rue appartenait aux titis débrouillards Ou bien au va-et-vient de ces drôles de dames…
Là bas en Algérie un monde s’écroulait Comme une mosaïque ou la tour de Babel, Dispendieux de couleurs et riche en décibels, Avec ses conquérants aux rêves refoulés, Un autre renaissait, descendant des djebels
A Paris et Alger, à Marseille et Oran C’était un même cri pour une double attente Et la vie qui allait et la marée montante Et les feux d’artifice aux éclats colorant De rouge et puis de bleu les nuits dans la tourmente.
Et oui la fin d’un monde où le fascisme tue La haine qui explose en un plastic meurtrier On se dit exilé ou bien rapatrié Mais qu’importent les mots quand on est abattu Ici on tue les gens sans toujours les trier.
Le jeudi huit février, ils étaient trente mille A battre le pavé de notre capitale, Parce qu’ils refusaient cette marque brutale Qu’imprimaient les factieux dans le cœur de nos villes Ils étaient trente mille en harmonie totale.
« Des slogans et des chants mais aucune violence », Telle était la consigne et tous la respectaient Leur combat était vrai et sans ambigüité La paix juste la paix et sans ambivalence Ils étaient venus là sans animosité.
Mais la mort les guettait à l’angle d’un bistro La mort par le « bidule » en un choix de hasard Thanatos attendait n’importe où, charognard Puis il les rattrapa aux portes d’un métro Et s’écoula leur vie comme un sang communard.
Ils s’y mirent à neuf, sans chichis ni dentelles Pour mourir à Paris, quoi d’autre en vérité ? Ah oui ce rêve là d’une autre Humanité. Lisez leur nom gravé simplement sur la stèle Le 08 février 2012