Mes mots sur le papier sont comme un long ruban, Un cahier d’écolier posé sur mes genoux, Je t’écris aujourd’hui assis sur le vieux banc Dans le fond de la cour… amour je pense à nous.
Je vois, posée au sol, la vasque de glaïeuls Que tu avais semés aux fêtes de l’avent, Le soleil se répand, au travers des tilleuls, Par petits ronds dorés qui jouent au gré du vent.
Que fais-tu à cette heure où la tiédeur du jour Nous incite à languir, ici à la montagne ? Je suis comme reclus en l’exil d’un séjour Loin de toi mon amour… l’envie de vous me gagne.
Mais quoi, ce ne sont là que peines de repus, Amie souvenez-vous des frères aux pénombres Que nous savions issus de ces peuples rompus, Ne sont-ils aujourd’hui que deuils sous les décombres ?
Musique d’opéra ou simplement disco, Nos soucis révélés par le timbre des nuits, Ah tout va donc si mal ailleurs comme à Pisco, Pour que nos grands malheurs ne soient que des ennuis.
J’ai perdu cette année mes surplus d’illusion, Sont mes heures passées, à semer sans récolte, Ils viennent des banlieues ces gosses d’exclusion Où ne souffle qu’un vent, celui de la révolte.
Quoi l’espoir liberté aux dogmes, asservi, Ne déboucherait donc que sur de l’infertile ? Demain ils vont partir et j’aurai peu servi, Chimère oh utopie, croire qu’on fut utile.
Mes mots ont mis longtemps à savoir la distance, Ce long ruban d’amour et d’encre desséchée Mon essence, il fallut le temps d’une existence, Afin de vous trouver, vous si longtemps cherchée.