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Roger VIDAL

Noces

Le rêve né en suspension,
Ils le prirent en pointillé,
Il était fait de sensations,
De fort amour éparpillé.

Ensemble ils avançaient vers une mer étale,
Vers un même destin, mille fois éludé,
En un décor parfait pour les cartes postales
Et le sable était doux sous leurs pieds dénudés.

Ils vivaient cet instant unique
Tel qu’il balance, suspendu,
Le bonheur d’un soleil oblique,
Pour un blanc matin attendu.

Ils venaient là pour voir les chevaux bondissants
Qui savent les secrets d’Amérique et de Chine,
Les espaces promis aux oiseaux frémissants,
Les poissons mordorés des profondeurs marines.

Ils étaient en lune de miel
Les épousés d’un grand naufrage,
Avec les yeux noyés au ciel
Et dans le cœur un gros nuage.

Ils allaient vers l’ailleurs qu’ils ne connaissaient pas,
Sur le sable doré comme en leur cœur naissait,
Une double blessure, à chacun de leur pas,
Que la brise légère, en passant, guérissait.

Ils étaient fous de leurs vingt ans
Mais ils couraient au désespoir
Et au bonheur en même temps,
Il n’était qu’eux pour le savoir.

Ils ignoraient pourtant la neige aux univers
Mais ils pensaient au fond -Demain, la solitude-
Et la séparation, le retour le l’hiver
Et le froid en dedans, le gel de l’habitude.

Ils rêvaient d’aurores nouvelles,
De toutes chaînes déliées
Et de ces blanches caravelles
Partant aux îles oubliées.

Ils voyaient l'horizon en des voiles flottantes
En entrant dans la mer aux eaux ensorcelées,
Les sirènes chantaient et la marée montante
Déposait sur leur corps, ses caresses salées.

Là-bas étaient tous les Ceylan,
Les grandes nattes à damiers,
Ils devinaient les goélands
Frôlant de l'aile les palmiers.

Ils allèrent au bout de leur rêve de gosses,
Les ondines tressaient des colliers de camés,
Elles chantèrent haut, en dansant à leurs noces
Et la mer ce jour-là, les unit à jamais.