Noël accroche ses lumières A ses néons de pacotille Et serpentins qui s’entortillent Autour des sapins, sans manières. Déjà le givre nous revient Un peu plus tôt que d’habitude, Aux draps nus de la solitude Sur fond de neige. Il m’en souvient De cette nuit qui vers cinq heures Nous recouvrit de son manteau, Il fait si seul, il est si tôt… Rentrons, rentrons dans ma demeure.
Noël pose dans ses vitrines Au cynisme si provoquant Sa camelote de clinquant Sur un tapis de vraie lustrine. C'est une agression de sang froid Que cette foison désinvolte, Comme un appel à la révolte, Un S.D.F est mort de froid. C’est en ramassant les poubelles Qu’on l’a trouvé, à croupetons Encore couvert de cartons, Son corps gisait dans la ruelle.
Noël ouvre ses restaurants Aux fringales des plus avides, Mais ceux qui ont les poches vides Sont affamés, désespérant. Noël la fête dînatoire Dindes dorées dans les assiettes Petite fée aux allumettes Je repense à ta triste histoire. Tu fus, tu es et tu demeures Cette image qui m’est restée D’un modèle de société… Ah que nos illusions se meurent!