Nous referons le monde aux couleurs de nos rêves, Je te recouvrirai de mes pourpres volés, Aux automnes remplis de nos envies qui crèvent De n’être dans le soir qu’un soleil isolé Prêt à s’éparpiller dans les bruits de la ville Sur les lèvres figées des femmes de trottoir Qui reviendront nous voir en l’an cinquante mille Quand j’aurai accroché à ton cou, en sautoir, La Saturne volée des étés finissants Que tu semas encore au vent de tes étoiles Pour me récupérer au monde des gisants Au linceul repassé des tissus de tes toiles.
Il me faut des lustres accrochés à tes jeux, Des milliers de bougies au vent de tes promesses Qui nous donne en velours ces souvenirs soyeux En négociant Paris qui nous vaut une messe Quand les enfants des rues s’endorment dans tes yeux, Quand les enfants vaincus nous semblent déjà vieux. Mon amour des ruisseaux, ma putain sans manières Je te prends en chemin du bout de ton soleil Et tu fermes sur moi tes mondes de frontières Là ou finit l’amour au plaisir du réveil.
Je m’utéruse en toi, quand ta vulve me moule, Quand le chant de ta chair se répercute en moi, Quand me revient la vie balancée par les houles Des étreintes rompues de nos corps siamois. Et nous ne parlons pas de silence en naufrages, Nous écoutons la mer nous raconter le temps, Les équipages d’or au fond des moyens ages Suspendus aux marées venues à contre temps Et nous disparaissons emportés par l’écume, Emportés au-delà et coulés à mi temps Aux espoirs renoncés des horizons de brumes.
Et nous ne parlons pas et nous ne parlons pas, Notre espoir nous attend au coin d’une parole Pour nous déboussoler de boussole en compas Notre espoir nous attend au coin d’une boussole Et nous perdons le nord qui s’enfuit sous nos pas. Je te déchirerai toute en écartelures, Au cœur de nos folies où naissent nos saisons Dans ton sillon profond tracé à l’échancrure Quand je te fais l’amour à perdre la raison. Ô ma terre Ô ma mer engloutis- moi sans fin, Reprends dans tes filets, ma raison saccagée, Surtout ne parle pas que le mot de la fin Soit celui qui redit nos folies partagées, Nos folies toi et moi, nos folies échangées.