Des luttes ricochant comme l’eau des cascades, La vie naissait partout, surprenante et si belle Et Prévert appelait le soleil camarade, Le siècle en ce temps brûlait trente six chandelles. Après avoir subi des années de silence, Ils chantaient tant l’été que c’était beau à voir, De l’histoire qui va à celle qui balance, Ils écrivaient ensemble une page d’espoir. Et le temps reconquis et le temps que l’on aime Et le temps des projets où l’on croit à demain Et le temps de la vie, le temps d’être soi-même, Le temps de se sentir totalement humain, Ah les congés payés !... images d’Epinal, Auberges de jeunesse, exodes à vélo Et la mer argentée au soleil matinal Et les rouges couchants qui se mouraient dans l’eau. Mais déjà à Munich, on signait la défaite, Les rapaces tuaient Guernica en grondant, Maginot enterrait les idées toutes faites Tandis que les chacals déferlaient par Sedan…
Le bonheur n’est pas né au siècle des lumières Et pourtant c’est de lui que vient cette ambition De l’inscrire au programme et cela sans manières De l’inscrire surtout en nos révolutions. Je vous aime vous tous vivants ras de marées Qui semiez des œillets aux voies à parcourir, Vous qui malgré vos cris aux déserts égarés Avez cru en cela et jusqu’à en mourir. Il m’arrive parfois de me tromper d’époque Nos communes livrées aux fusils des vainqueurs, Tous les pavés perdus ont, quand on les évoque, La saveur des cerises et des larmes aux cœurs. Vous êtes front popu ou du temps des cerises Mes frères qui vouliez, pour l’homme, le bonheur. Cette immense ambition vous l’aviez entreprise Utopie ont-il dit mais de quelle grandeur ! La générosité voilà toute l’affaire Elle ne s’écrit pas sur un simple décret Le bonheur pensiez-vous est révolutionnaire, La générosité c’était ça le secret.