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Roger VIDAL

Nos fronts populaires


(3mai 2006, 70ans déjà)

Des luttes ricochant comme l’eau des cascades,
La vie naissait partout, surprenante et si belle
Et Prévert appelait le soleil camarade,
Le siècle en ce temps brûlait trente six chandelles.
Après avoir subi des années de silence,
Ils chantaient tant l’été que c’était beau à voir,
De l’histoire qui va à celle qui balance,
Ils écrivaient ensemble une page d’espoir.
Et le temps reconquis et le temps que l’on aime
Et le temps des projets où l’on croit à demain
Et le temps de la vie, le temps d’être soi-même,
Le temps de se sentir totalement humain,
Ah les congés payés !... images d’Epinal,
Auberges de jeunesse, exodes à vélo
Et la mer argentée au soleil matinal
Et les rouges couchants qui se mouraient dans l’eau.
Mais déjà à Munich, on signait la défaite,
Les rapaces tuaient Guernica en grondant,
Maginot enterrait les idées toutes faites
Tandis que les chacals déferlaient par Sedan…

Le bonheur n’est pas né au siècle des lumières
Et pourtant c’est de lui que vient cette ambition
De l’inscrire au programme et cela sans manières
De l’inscrire surtout en nos révolutions.
Je vous aime vous tous vivants ras de marées
Qui semiez des œillets aux voies à parcourir,
Vous qui malgré vos cris aux déserts égarés
Avez cru en cela et jusqu’à en mourir.
Il m’arrive parfois de me tromper d’époque
Nos communes livrées aux fusils des vainqueurs,
Tous les pavés perdus ont, quand on les évoque,
La saveur des cerises et des larmes aux cœurs.
Vous êtes front popu ou du temps des cerises
Mes frères qui vouliez, pour l’homme, le bonheur.
Cette immense ambition vous l’aviez entreprise
Utopie ont-il dit mais de quelle grandeur !
La générosité voilà toute l’affaire
Elle ne s’écrit pas sur un simple décret
Le bonheur pensiez-vous est révolutionnaire,
La générosité c’était ça le secret.