Raconte moi la nuit aux lustres des solstices, Aux lumières mortes, aux jours évanouis, Raconte moi comment et de quelle injustice, Tu naquis aussi belle et tu nous éblouis. Raconte moi la nuit avec tes yeux de vagues Et tes longs cheveux d’or qui dansent sur tes reins Raconte moi nos vies aux fictions qui divaguent C’est comme un long sanglot pour nos rêves marins. Ma douleur et ma joie avec tes yeux de braise Tes fièvres de langueurs dans mes clairs firmaments Ton destin équivoque, ainsi qu’une hypothèse Et mon cœur qui t’attend à chaque croisement. Je te sais dans les yeux des putains de passage Sous le fard qui ne sert qu’à masquer l’incertain, C’était, rappelle toi, cette fillette sage Qui lisait dans nos mains l’impossible destin. C’était, rappelle toi, cette gitane brune, A qui, pour un regard, je donnais sans compter, Mes notes de hasard et mes vers d’infortune, Mes montagnes d’été et mes mers démontées. Quand je payais d’azur le comptant de nos songes, Tu me récupérais sur ton île enchantée Où passaient vers le soir les oiseaux du mensonge, Des sirènes en pleurs qui jamais ne chantaient. De tout ce qui nous fut hors de toute boussole, Nous nous reconnaissions résultante et c’est tout, Nos deux nids enfoncés dans les avoines folles Aux séismes exquis qui naissaient de partout. Je me jouerai la nuit aux marées qui remontent Des sanglots dans la voix, pour des mots de douleurs, Nous expliquant la mer quand le flux se raconte Les pécheurs disparus et les deuils en couleur. Je me jouerai ton corps en ligne transversale Pour me perdre à jamais en tes divins replis Ma clameur te rejoint dans la nuit abyssale De nos désirs sans fonds, nos fusions accomplies. Reste là à jamais, l’infini à nos portes Notre été assoupi et nos faims partagées Nous irons au couchant, où le vent nous emporte, En l’exil de nos cœurs aux mondes ravagés Pour bâtir à genoux nos lits de feuilles mortes Et nous ferons l’amour en un monde inchangé D’éternité, ma vie, pour nos cœurs naufragés…