Je ne sais pas pourquoi ma soif parfois s’en va Et tout le reste suit jusque dans ma maison Tout cela qui fut vrai, sans rime ni raison Tout ce qui était là et ce dont on rêva Oui tout cela s’en va, qu’importe la saison ?
Oh toi là bas passante aux millions de promesses, Pourrais-tu remplacer celle d’hier dans mes bras, Ce corps qui dans mes mains tant de fois se cambra Et dont je me disais, il vaut bien une messe, Et ce regard aussi qu’une nuée ombra ?
Vienne le temps d’ailleurs, le temps d’être autre chose, Calme sur l’herbe rase ou la mousse des eaux Puisant la souvenance aux temps immémoriaux Et toujours ton corps nu dans son tapis de roses Pour me redire encor l’éternel scénario.
Femme de ma nuit blanche où l’amour messager, Vous pare d’or, d’azur tout en te dégrafant Un peu comme ces fées de mes livres d’enfant Que je n’ai oubliées que pour mieux naufrager En vos eaux agitées où j’avançais surfant.
Que me quitte la joie aux vapeurs des nuages Mes icônes passées, ah toute ma culture Je perds dans le désert ma seconde nature Mais je te garde, toi, dans mon livre d’images Jusqu’au moment de refermer la couverture.
Jane de mes buchers, de mes insurrections, De mes rites païens, mes schismes, mes décors De mes messes impies où j’encense ton corps Tu restes ma patrie, ma seconde nation, Mon unique unité et mon parfait accord.
Jane je te rendrai la tache compliquée Le jour où tu devras, de moi, tourner la page Et puis avec un autre apprêter ton voyage, Tu ne m’oublieras pas, sans pouvoir t’expliquer, Ce que je fais toujours, présent en tes bagages.