Du cœur de cette nuit, déchirée de rumeurs, Papiers noirs et bruissants, corbeaux du champ de blé, Jusqu’aux passantes nues, je devine d’emblée Cette pointe d’épée aux doigts d’un escrimeur Et son parcours glacé, dans la plaie dont je meurs.
Ils sont venus les temps aux mille papillons Qui ne danseront plus aux lumières des lampes Vois donc dans le miroir la couleur de tes tempes Et cesse de parler, arrête les violons, Il est sur ton front nu la griffe du sillon.
Je vais garder pour moi ces vers de nuit profonde Ils sont durs à écrire et leur gout est amer, Tant le vent s’est levé qui les mène à la mer Oh chante en mon berceau ma Mélusine blonde C’est au bout de ton chant, presque la fin du monde.
Je sais bien qu’avant moi et pour mieux s’enchanter D’autres qui y croyaient se sont crevés les yeux Ainsi on chante vrai, ainsi on chante mieux Mais je serai toujours en ces limbes hantés L’éternel vagabond qui apprend à chanter.
Musique des mots bleus, ma vie sur une trame, Déposez-vous en moi mélodies de hasard Et je serai Chopin, peut être ou bien Mozart C’est toujours dans le noir qu’on découvre le drame Mon piano* s’est tu quand est morte son âme.
Oh je suis bien ici, oh je suis bien encor Chantant en cette nuit mes rimes de printemps Passe, passe, dis-tu poète avec ton temps, Il reviendra le jour, demain la joie des corps Avec toi et puis moi, plantés dans le décor.